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Interview avec Helen Margetts: Vers une démocratie connectée

Professeure de sociologie et d’internet au Oxford internet Institute.

Propos recueillis par Izadora XAVIER

“Les médias sociaux sont des machines apocalyptiques […] De ce fait, nos liens sociaux, civils et politiques se dissolvent”. Tels furent les propos défaitistes de Jason Potin dans Wired quand sonnait l’heure de faire le bilan de 2018.Pour lui, comme pour beaucoup d’autres d’ailleurs, les derniers scandales ont eu raison de ses idéaux de la liberté d’expression et des promesses des progrès technologiques. Même Tom Cook, PDG d’Apple, aurait avoué lors d’une conférence privée à Bruxelles que plateformes et algorithmes ne font que donner libre cours au pire de l’humanité, au lieu du meilleur.

Après chaque outrage, après chaque buzz, il y a les réactions à chaud. Il y a eu par exemple Cambridge Analytica, pour n’en citer qu’un. Pourtant, les gens n’ont pas tous quitté Facebook après la débâcle. Comment se l’explique-t-on ?Prof. Helen Margetts, politologue spécialisée dans la gouvernance à l’ère du numérique, nous offre sa vision plus réfléchie de la situation. Que l’on se rassure, tout espoir n’est pas perdu, loin de là !

“Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10 000 façons de ne pas y arriver.” (Thomas Edison)

Généralement, quand les gens s’empressent et s’entêtent à voir le négatif dans les nouvelles tendances, il est bonde rappeler qu’il est trop tôt pour se décider. La question n’a pas encore été tranchée. Au lieu de faire le procès des réseaux sociaux, dirigeons-les dans la bonne direction, instaurons des lois, éduquons les gens et encourageons les changements positifs, plutôt que de nous focaliser sur tout ce qui va mal (sans le nier pour autant, cela va de soi).C’est un fait, il y a beaucoup de négativité autour d’internet. À son tour, cette négativité a des répercussions négatives, car elle freine les initiatives. Mais internet a aussi permis d’exposer et d’engager les gens comme jamais auparavant à la politique. Il s’agit maintenant de se demander comment nous allons exploiter ce potentiel de manière créative et intelligente pour instaurer des solutions de participations politiques, ainsi que les institutions qui vont avec. Nos efforts devraient se concentrer sur comment aider ces nouvelles tendances à prendre forme. C’est une réflexion bien plus stimulante et fructueuse que l’exercice qui consiste à faire le bilan des actions positives et négatives.

Interrogez un expert en technologie aujourd’hui, et sa réponse sera sans appel : un internet complètement libre est impossible. C’est le principe même de la liberté, elle s’arrête là où commence celle des autres, et pour que cette liberté soit garantie, elle a besoin d’être régulée et contrôlée.

Pourtant, nous y avons cru, à cet internet garant de la liberté d’expression, même dans les pays les plus autoritaires. Internet aurait offert une voix et valorisé les plus vulnérables. La démocratie aurait vaincu par sa seule force. Jusqu’à la fin des années 2010 environ, nous concevions internet comme “la technologie de la liberté”. De nos jours, les avis sont mitigés, les espoirs déçus. internet est devenu un outil de contrôle, de surveillance, de désinformation, et un nouveau terrain de guerre.

Internet et les réseaux sociaux ne sont pas intrinsèquement bons ou mauvais, pro ou anti-démocratiques. C’est un outil qui s’entrecroise avec la politique.Or, il est important de réaliser dans quelle proportion ils convergent. Si les plateformes digitales occupent toujours plus de place en politique, l’inverse n’est pas vrai. Seule une petite partie des plateformes est consacrée à la politique.

Pensez à combien d’interfaces vous êtes actuellement connecté. Prenez conscience un instant à votre smartphone, votre Skype, votre boîte mail, vos messageries, et peut-être encore Amazon resté connecté depuis votre dernière visite. Une dizaine, une vingtaine d’interfaces, probablement toutes mises à jour presque instantanément. Du professionnel au divertissement, peu de contenu généré y est en réalité politique. Le cadre étant posé, nous pouvons nous intéresser plus en détail à la vie politique dans la sphère digitale.

Mini-politique

Les réseaux sociaux constituent une partie intégrante de la politique, et ce au quotidien. Toute personne qui interagit avec une plateforme numérique verra son comportement modifié. Cela vaut tant pour les citoyens que pour les politiciens. Prenez Donald Trump par exemple, qui annonce les décisions de politique étrangère en primeur sur Twitter. Cet acte aura des conséquences sur le déroulement du processus, sa portée, et sur la manière dont les gens vont en parler.Certes, nous ne sommes pas tous présidents, l’importance de nos tweets n’a pas les mêmes ramifications.Reste que, en raison de leur exposition aux médias sociaux, les citoyens ordinaires dans la plupart des pays seront invités à participer à la politique. Cette invitation peut contribuer à les changer. Cela peut les amener à participer davantage. Certains le feront de manière passive en s’intéressant à l’actualité, d’autres de manière plus active, même si cela se transcrit par de modestes actions politiques. C’est ce qu’on appelle la possibilité de faire de la “mini-politique” (ang. tiny politics).

Historiquement, la participation politique est vue comme incommode. Il faut y mettre de sa personne pour manifester, pour s’engager dans un parti politique, et pour espérer faire bouger les choses. Tout cela demandait beaucoup de ressources. Internet, au contraire, fait tomber ces barrières. Internet ouvre la possibilité à la participation politique à moindre coût, que ce soit en termes d’argent, de temps, ou d’effort.Même pour les donateurs, leurs contributions financières peuvent être modestes tout en faisant une différence. Avant, il fallait au moins que la somme soit plus considérable que le prix de la transaction, comme le prix de l’envoi postal par exemple. Maintenant, un simple message permet de faire un don. On peut faire beaucoup de petites choses, à son niveau, pour participer à la vie politique. Suivre une personnalité politique sur son flux d’actualité, signer une pétition en ligne, exprimer son opinion, faire un don, etc.

Le spectre de petites actions politiques à accumuler est large. Potentiellement, elles peuvent engendrer un effet boule de neige. Nous l’avons déjà vécu avec les signatures pour bloquer la visite d’État de Trump en Grande-Bretagne en 2017. La pétition a pris de l’ampleur. De nombreuses grandes manifestations ont commencé par de petites actions qui ont pris de l’ampleur. Même une révolution peut commencer ainsi, comme ce fut le cas pour le Printemps arabe.

L’impact rendu possible par le numérique a de quoi exciter. Tout le monde souhaite pouvoir faire une différence. Aux États-Unis, des enfants ont fait campagne pour le contrôle des armes. En Roumanie, le peuple s’est organisé pour dénoncer la corruption en tenant leur gouvernement pour responsable. Il est utile de souligner pour ce cas, qu’un rôle majeur a été joué par des Roumains hors du pays. Ce nouvel élément de mondialisation était impensable avant internet. Il en va de même pour le Printemps arabe, ou pour les protestations brésiliennes. Dans presque chaque pays, des acteurs s’organisent d’une manière ou d’une autre contre l’injustice, et internet y joue un rôle.

Nous constatons la nature diverse de ces modestes actes politiques amplifiés par les technologies : partager la photo d’un enfant réfugié, ou diffuser un article de désinformation, à l’instar des rumeurs sur l’UE organisant sa propre armée. Leurs importances moindres au niveau individuel peuvent, à grande échelle, altérer un scénario politique. Deux exemples illustrent ces tournants imprévus. Il y a d’abord Jeremy Corbyn, homme politique britannique au parcours atypique élu à la tête du Parti travailliste en 2015, dont la vague de soutien pour le déclarer favori a créé la surprise. Elle était due en grande partie aux réseaux sociaux. Quant à Barack Obama, il est le premier à avoir su mobiliser une campagne grand public, de sorte qu’une grande part des fonds de sa campagne électorale était composée de petits dons.

L’idée qu’il soit possible de faire de la politique à moindre coût est parfois critiquée. Pour certains, c’est insignifiant. Cela manque d’engagement. La mini-politique est dénigrée comme du slack activism. Pourtant, cette pratique a quand même son importance, elle implique en effet deux changements significatifs.

1/ D’abord, cette pratique amène de la visibilité. L’acteur comme la cause soutenue et son audience sont rendus relativement publics. Un citoyen qui discuterait dans un bar n’affecterait que deux trois clients. Alors qu’un like, un tweet ou un partage lancé sur le Net aura probablement plus d’envergure.

2/ Ensuite, cette pratique amène de l’amplitude.Chaque like, chaque partage, aussi moindre et insignifiant à premier abord, a le potentiel d’être amplifié à force d’être relayé et copié par d’autres personnes.Ce qui semble n’être qu’une bouteille dans la mer d’activités en ligne peut grandir en une vague de réactions. Cependant, il n’y a aucune distinction entre le contenu bon ou mauvais dans la mesure où les deux peuvent prendre de l’envergure. Les discours haineux, misogynes ou racistes peuvent aussi progresser. Cela n’arrive pas, dans la plupart des cas, mais c’est une possibilité qui, de plus, nuirait à l’égalité politique.

Le vrai problème : l’incertitude

Il convient d’ajouter un troisième changement significatif, et non des moindres. Cette pratique amène de l’incertitude, et cela est très inquiétant. En soi, les actes de mini-politique peuvent être positifs ou négatifs. Souvent, ils ne mènent à rien. Voyez, la majorité des articles de désinformation n’ont aucun effet à grande échelle. Les actes qui ont mené à de grandes manifestations nous font croire qu’il est facile de réussir. Mais c’est faux. D’ailleurs, nous ne savons pas comment le gérer, nous ne pouvons encore expliquer facilement pourquoi telle campagne fait un succès et telle autre un tollé. Pour l’instant, nous ne savons pas quels facteurs génèrent une vague de support numérique. Il y a un caractère aléatoire et instable. C’est une des critiques à l’encontre de la mini-politique, bien plus que son association à la fainéantise et à l’inefficacité.L’incertitude est, presque par définition, un facteur négatif. Nous avons cette image des institutions politiques comme ayant un effet stabilisateur, elles sont là pour aplanir les difficultés et le doute. Si ces institutions et leur réglementation des technologies persistent à faire planer le doute, l’instabilité risque de se transformer en chaos du système politique. En plus des mobilisations populaires à larges échelles d’un côté, le système est également déstabilisé par le rôle croissant des grandes sociétés des réseaux sociaux dans la vie politique et ses lobbys.

“La meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de l’inventer.” (Alan Kay)

Difficile de prédire les tendances à venir, donc. Ce que nous pouvons faire, ce que nous devons faire, c’est améliorer l’infrastructure au moyen de règles, de design et d’éducation.

Règles, design et éducation

L’interface et les concepteurs de plateformes sont les premiers à pouvoir faire une différence. Le design a des répercussions sur les utilisateurs, leurs comportements et leurs choix. Thaler s’est vu décerner le prixNobel de 2017 pour l’avoir démontré avec son analyse du nudging. L’architecture des choix, tout en offrant une certaine liberté, peut pousser vers un résultat plus favorable qu’un autre. Il ne faut pas comprendre par là que la conception de la plateforme permet de manipuler l’opinion des utilisateurs.

Pour le cas des élections par exemple, internet ne modifie pas le vote des gens en soi, mais la décision de certaines personnes à voter ou non, de fait de leur accès facilité à une vie politique. Ce facteur-là explique en partie les résultats des élections. Facebook avait testé son algorithme pour savoir quels paramètres amenaient les gens à publier sur leur vote. La visibilité accordée aux actions des utilisateurs, ou ceux ayant fait pareil, ont une influence sur la vie politique. C’est le cas de Facebook ou Twitter. À l’inverse, Snapchat ne laisse pas transparaître ce genre d’activités. En général, les gens ont tendance à avoir une sensibilité variable au gré du nombre de semblables touchés ou non. Cette technique utilisée depuis longtemps dans le marketing, appelée en psychologie “l’influence normative”, est la tendance sociale à se conformer pour conforter ses choix. Nous n’en sommes qu’aux prémices de l’utilisation dans la sphère politique, c’est pourquoi nous avons encore le temps de l’institutionnaliser, d’édicter des règles de conception.

Toute la responsabilité n’incombe pas qu’aux concepteurs, l’utilisateur peut faire une différence. Les citoyens pourraient apprendre à mieux comprendre les nouvelles technologies et leur utilisation, de tels bénéfices s’étendraient au-delà du cadre de la vie politique. En Suède, une initiative invite toute la population à se former par des cours en ligne aux bases de l’intelligence artificielle. Sans compter les perspectives d’employabilité, les citoyens seraient ainsi équipés à mieux comprendre la société qui les entoure, à mieux distinguer les enjeux lors des votations, en somme à mieux prendre part à la démocratie.

Là où l’éducation peut faire une différence, c’est pour distinguer la désinformation, savoir chercher l’origine de l’information, et développer un scepticisme sain. On peut également former les gens à leurs droits et aux outils pour garder le contrôle sur la technologie. Ainsi, pour le cas de la propagande numérique russe, dans quelle mesure les gens comprennent-ils vraiment de quoi ils parlent ? Il reste encore beaucoup de terrain à défricher dans ce sens, mais cela ne signifie pas que la démocratie est une peine perdue à l’ère du numérique.

L’enfer numérique est aussi pavé de bonnes intentions

Un point souvent reproché à la dépendance croissante des réseaux sociaux plutôt qu’un média traditionnel d’information, c’est que le flux personnalisé conforte l’individu dans ses opinions3. Nous parlons souvent des réseaux sociaux qui n’ont de cesse de tester leurs algorithmes pour trouver le bon équilibre entre centres d’intérêt et nouvelles perspectives. Leur vision consiste à connecter des gens ensemble, leur objectif est d’être lucratif. Ils n’ont jamais eu l’intention d’être des acteurs politiques ou de changer la démocratie.

Le nouveau rôle politique endossé par la force des choses a d’ailleurs endommagé leur modèle commercial. En réalité, c’est une aubaine pour nous. Les dégâts causés forceront les réseaux sociaux à coopérer pour préserver la démocratie. Pour rattraper le tir, Facebook a par exemple engagé une équipe pour nettoyer et contrôler le contenu de sa plateforme. Enfin, elle l’a fait principalement en anglais, pour les pays occidentaux en majorité, alors que c’est dans les petits pays que les dangers peuvent être plus significatifs. Le cas de la Birmanie nous a bien faire comprendre cette dynamique.

Cette plateforme a appris à ses dépens l’importance de ne pas enfermer l’internaute dans une bulle. Les informations populaires étaient d’abord non hiérarchisées, au gré de leur création par les humains, et cela ne convenait pas. Alors ce sont des robots qui se sont chargés de leur organisation, mais cela posait aussi problème. Les gens se sentaient manipulés par l’entreprise via son algorithme. Une fois la fonctionnalité désactivée, exposition à la diversité a cessé. La situation n’est pas idéale. Il semble important d’inciter les réseaux sociaux à développer des fonctionnalités d’actualité appropriées.

Mais démoniser les réseaux sociaux ne sert à rien, les forcer à fermer non plus. Les gens pourraient en venir à utiliser une application pire. Imposer une plateforme dont l’utilisateur ne veut pas semble peu viable.Nous devons exiger des améliorations des acteurs privés, mais dans quelle mesure peut-on vraiment s’attendre à ce que ces entreprises soient arbitres du bon ou mauvais contenu ? Ce ne sont pas des médias au sens traditionnel du terme. Donald Trump accusait les réseaux sociaux d’être biaisés à son encontre. Les entreprises restent au demeurant responsables du contenu, c’est-à-dire que cela ne devrait pas être de la désinformation. Cela ne devrait pas provenir d’un robot russe ou d’une usine à troll informatique. Et cela ne devrait pas non plus être des propos haineux. Jusqu’où peuvent-ils déterminer ce qui est du registre de l’information et ce qui ne l’est plus ? Ce qui sera perçu comme de la censure de la part du régime chinois sera normal en Allemagne, pays dont l’histoire encourage la réglementation des propos haineux.

Un nouvel art de gouverner : Égalité, équité et qualité

Notre propos est un appel à la créativité. Songeons à toutes les nouvelles formes qui nous permettraient d’interagir à moindre coût avec les plateformes numériques. Rien qu’avec un téléphone portable, une vie politique prend place. Dans leur fuite, les réfugiés syriens préfèrent conserver leur téléphone que de la nourriture, une couverture ou quoi que ce soit, car ils savent que cela leur offrira plus d’autonomie. Ils pourront contacter leur famille, se connecter aux gens, enregistrer leurs voyages et les situations rencontrées.

Dans un tout autre état d’esprit, les pays où le système est basé sur des petites circonscriptions électorales, qui théoriquement seraient proches du peuple pour faire le lien avec ceux qui les représentent, pourraient mettre internet à profit pour rendre cette proximité enfin réelle. En Grande-Bretagne par exemple, c’est rarement le cas. Les gens sont peu engagés, peu en contact avec leurs élus. Internet permet de repenser notre système électoral pour créer et améliorer notre démocratie représentative.

Bien qu’internet invite le plus grand nombre à participer à la vie politique, il ne mène pas à une démocratie directe. Nous l’avons rêvé à l’avènement d’internet, certes. Un système théoriquement faisable grâce au numérique n’en devient pas forcément souhaitable.Réinventer la démocratie représentative à l’ère du numérique semble plus prometteur. C’est le moment d’être créatif pour que l’État s’engage à dialoguer avec ces citoyens, pour que la proximité alimente la confiance en la gouvernance. Les citoyens ne comptent pas plus sur l’État qu’ils ne comptent sur Facebook. Les premiers signes sont plutôt positifs, il faut en tirer profit et continuer d’améliorer la communication et l’engagement politique. Que ce soit pour la politique, la santé, le développement durable, l’éducation ou toute sorte de services publics, internet ouvre un champ des possibles à exploiter. Les transitions numériques de l’État doivent se faire avec sensibilité. Il faut identifier les personnes maîtrisant les technologies souhaitant des solutions rapides à distance, et celles qui veulent continuer avec la méthode actuelle, par nécessité ou par confort. Élargir les possibilités signifie traiter les gens différemment selon leurs besoins, inclure les personnes défavorisées, et non pas traiter tout le monde uniformément. Ce n’est pas facile à appliquer pour un État basé sur l’idée que tous les citoyens sont égaux.

Comment l’État doit-il s’engager avec ses citoyens ?Quels moyens utiliser pour ce faire ? Comment gérer les partenariats publics-privés ? Il nous faut réfléchir à une interaction différente et plus fréquente, ainsi qu’à un moyen pour laisser les citoyens s’exprimer au travers des plateformes numériques. Outre de comprendre ce qu’ils pensent, le gouvernement pourrait aussi récolter des données sur les mesures politiques, leur conception et leur application au quotidien. En étant à l’écoute de la population, nous serions à même à identifier plus rapidement des services défaillants, comme des écoles ou des hôpitaux. La récolte de données, liée à la peur de la surveillance, est une pratique controversée.

Il faut que les gouvernements demandent aux gens ce qu’ils pensent et ce qu’ils peuvent ! Qu’ils deviennent des État-Plateformes, réactifs et orientés services-client, comme leur pendant commercial.Sauf que le client ici, ce sont les citoyens, et que nous avons beaucoup plus à gagner avec de tels changements. Solliciter l’avis de la population, essayer de comprendre comment les changements sont ressentis, tout cela est maintenant possible grâce à l’opportunité fantastique qu’offre internet. Le malaise global des derniers scandales ne devrait pas nous freiner pour aller de l’avant. Nous devrions, au contraire, apprendre des erreurs du secteur privé comme du public pour sans cesse nous améliorer.

Les dynamiques récentes autour du numérique sont à la fois excitantes et inquiétantes. Il est encore trop tôt pour savoir de quel côté penche la balance. Dans tousles cas, il faut que les technologies restent entre les mains de l’homme, à nous de les façonner pour l’avenir que nous désirons construire. Cet avenir, avec une liberté d’expression qui a trouvé une nouvelle place sur internet, doit développer la tolérance pour permettre à notre société de fonctionner malgré nos différents.

Offrir la liberté d’expression à tout le monde sans supervision n’équivaut pas à la démocratie. Pour bien fonctionner, cette tolérance a également besoin d’un cadre législatif. Les plateformes actuelles ne sont pas des machines de vérité. Ce n’est peut-être même pas ce que les utilisateurs veulent, sachant l’importance accordée au divertissement. La petite partie dédiée à la vie politique n’est pas la moindre, même la mini-politique a démontré l’impact favorable dont elle est capable pour faire bouger les choses.

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